La chorale d'asile
On dirait, dans les cerisiers qui empestent l’acide acétique, une chorale d’asile. Quelqu’un, à l’abri d’un volet, applaudit paradoxalement au grand tapage des oiseaux frugivores et l’hélice, qui coince et s’oxyde, d’une machine à effaroucher, envoie des hurlades de bébé métallique. Une, du voisinage, parle, en langue grecque, aux corneilles stupéfaites, qui s’étonnent et ricanent. La voici, montée par l’échelle, dans le stomachion des branches hautes, avec l’idée, dit-elle, d’attraper un de ces gros poussins noirs qui se chamaillent. Un autre jeu qu’elle pratique, est de plonger dans le buisson d’épingles d’un rosier mousseux. Endolorie, elle implore le secours d’un homme qui vient aussitôt, en dansant la gigue du vieil époux chagrin. Elle aime les soins, le sang que le coton éponge. Elle réclame, en langue grecque, des pansements et un peu plus d’alcool sur les griffures, elle trouve sans fin des épines que lui, à la pince, feint de voir aussi, sous l’abat-jour. Il songe, malgré tout, à un verrou à la porte, à des serrures plus difficiles. De guerre lasse, il arrache ce qui blesse au jardin et en fait des brûlots, tandis qu’elle imite le chant de douleur d’une bête indéfinissable. Les gens gênés écoutent.